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LE JAPON.

peu à peu son costume. Paré d’étoffes raides de broderies, et la tête surmontée d’une immense aigrette, dans son immobilité de statue il avait plutôt l’air d’une idole que du chef vivant d’un grand empire. Il ne tarda pas à adopter des costumes de plus en plus semblables à ceux des simples mortels. En 1872, à l’inauguration du premier chemin de fer construit dans son pays (de Yédo à Yokohama), il portait encore l’ancien costume des mikados ; mais il comprit sans doute lui-même que ces modes orientales devaient être réformées depuis que l’Europe pénétrait dans son empire avec ses chaudières, ses locomotives et ses télégraphes électriques. Le 1er janvier 1873, il ne fit que se montrer un instant à ses invités, recouvert de sa robe de cérémonie. « Trois ans plus tard, à la réception du 1er janvier 1876, nous dit M. Bousquet, qui a assisté comme fonctionnaire du gouvernement japonais à ces deux cérémonies, des chambellans en frac recevaient les privilégiés dans des salons meublés de fauteuils démodés, les introduisaient devant le mikado, vêtu d’un pantalon de casimir noir à bandes d’or et d’un veston brodé, costume qu’il paraît avoir décidément adopté comme tenue de cérémonie, et Sa Majesté échangeait un salut avec chacun. L’impératrice conservait encore l’ancien costume impérial dans toute sa rigueur, mais nous supposons qu’elle ne tardera pas à faire venir ses toilettes de Paris. »

II

Révolution dans les lois.

Ce qui semble plus singulier encore que ces modifications introduites dans le costume du chef de l’État et que cette abolition de l’ancienne étiquette de la cour, c’est le profond changement survenu dans la constitution politique et sociale du pays. La révolution avait eu pour chefs les grands daïmios du sud. Cependant, le 29 août 1871, un édit impérial abolissait