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QUELQUES MOTS SUR L’HISTOIRE DU JAPON.


Après plusieurs mois d’angoisses et de cruelles hésitations, lorsqu’il apprit que neuf vaisseaux, de guerre américains venaient de jeter l’ancre, le 11 février 1854, devant Yokohama, il se résigna à subir ce qu’il ne pouvait empêcher, et, le 31 mars, ses représentants signaient un traité qui était le premier coup porté au décret d’Iyemitz.

Il ne traitait, il est vrai, qu’avec les États-Unis, et il ne leur permettait de s’établir que sur l’îlot de Simoda, près de l’ouverture de la baie d’Yédo. Mais la brèche était ouverte ; il était évident que le rempart tout entier s’écroulerait bientôt. En effet, dès 1858, le shogoun est contraint de signer un second traité, non plus seulement avec les États-Unis, mais avec la France, l’Angleterre et la Russie : Yokohama, Nagasaki et Hakodaté, c’est-à-dire un port du Niphon, un autre dans l’île Kiou-Siou, et un troisième dans l’île d’Yéso, sont immédiatement ouverts aux navires européens ; quatre autres, Hiogo, Osaka, Yédo et Nigata, doivent, aux termes du même traité, nous être ouverts, comme ils l’ont été en effet, cinq ans plus tard, c’est-à-dire en 1863. Sept ports, c’était peu de chose en apparence ; en réalité, c’était le Japon ouvert à l’Europe.

Le parti hostile aux étrangers ne s’y trompa pas. La colère des daimios fut terrible, et, dès ce jour, la paix intérieure dont le Japon jouissait depuis deux siècles et demi fut profondément troublée.

Le shogoun avait signé le traité en juillet ; au mois d’août, il mourait assassiné. Plusieurs ministres, un autre shogoun et le régent Imo-no-Kami, tombèrent tour à tour en quelques années sous les coups des mécontents. Les manifestes les plus violents circulèrent dans le pays, appelant les Japonais à l’insurrection.

Les mécontents avaient d’ailleurs pour eux, sinon le droit, du moins l’apparence de la légalité.

Les diplomates européens ne connaissaient nullement, en 1858, la véritable constitution japonaise. Ils s’étaient laissé