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LE JAPON.

revinrent dans leur pays, ils apprirent que leurs famille étaient désormais tenues de résider près du shogoun, et qu’ils ne pourraient plus les voir qu’en venant eux-mêmes à la cour. Le shogounat avait pris des otages et ne craignait plus les révoltes de la féodalité.

Ajoutons que, d’après plusieurs écrivains, le nom de Taïko Sama, décerné au Louis XIV japonais après sa mort, a précisément le même sens que l’épithète de grand, décernée au monarque français de son vivant et ratifiée par la postérité.

Taïko Sama était mort à soixante-trois ans, après douze ans de règne, laissant un enfant mineur qu’il s’était hâté de marier avec la fille d’Iyeyas, l’un des principaux personnages de l’empire. Il avait fait jurer à Iyeyas de protéger le jeune prince et de lui remettre fidèlement le pouvoir dès qu’il serait en âge de l’exercer. Iyeyas avait prêté le serment qu’on lui demandait ; mais, une fois le grand shogoun mort, il ne songea plus qu’à garder pour lui-même et pour sa race l’autorité dont il n’était que le dépositaire. Les amis du jeune prince Fidé Yosi, qui voulurent au bout de quelques années soutenir ses droits, furent battus, et le gendre de Iyeyas se tua de sa propre main.

Le nouveau shogoun usa de son pouvoir de façon à se faire pardonner les moyens criminels qu’il avait employés pour le conquérir. Il était d’une famille depuis longtemps illustre, celle des Tokoungawa. La noblesse, qui avait supporté avec peine la suprématie d’un homme de basse extraction comme Fidé Yosi, accepta aisément la domination de Iyeyas, ce qui contribua à faciliter son rôle de pacificateur et de législateur. Au lieu de lutter les armes à la main, comme ses deux derniers prédécesseurs, contre la noblesse féodale, il parvint à lui faire accepter, en guise de traité de paix, des lois qui réglèrent les droits respectifs du prince et des grands. C’est ce qu’on appelle les Lois de Gongen Sama (ce dernier nom est celui qu’Iyeyas reçut après sa mort).