Page:Villetard - Le Japon, 1879.djvu/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
55
QUELQUES MOTS SUR L’HISTOIRE DU JAPON.

années, se termina par l’abdication de l’un des deux empereurs rivaux. Mais d’autres querelles entretinrent ou rallumèrent la guerre civile, et pendant le xive le xve et la première moitié du xvie siècle de notre ère, le Japon fut troublé, ensanglanté et ruiné par les luttes intestines des grandes familles féodales.

Enfin, vers 1550, un membre de cette turbulente aristocratie, nommé Nabounaga, s’empara du shogounat[1], devenu héréditaire dans la famille des Ashikaga. Il commença à rétablir l’ordre en sévissant avec la dernière énergie contre les bonzes et les moines bouddhistes qui s’étaient adonnés à tous excès et à tous les vices, et en réduisant à l’obéissance un grand nombre de seigneurs qui s’étaient rendus complètement indépendants du pouvoir central.

En 1582, Nabounaga fut surpris et égorgé avec toute sa famille, dans son propre palais, par des officiers révoltés. Ce prince avait jadis remarqué la vive intelligence d’un de ses palefreniers (bettos), nommé Faxiba, auquel il avait ouvert la carrière des armes : celui-ci était devenu général et avait même reçu en récompense de ses exploits le rang de daïmio. Après la mort du shogoun auquel il devait son élévation, il prit, sous le nom de Fide Yosi, le commandement des troupes envoyées contre les grands vassaux qui s’étaient révoltés. En deux ans il étouffa la rébellion, et lors de son retour triomphal à Kioto, le mikado lui conféra la plus haute puissance militaire. Devenu shogoun, il reprit l’œuvre de son prédécesseur en achevant d’ôter aux bonzes et aux moines le moyen de troubler la paix du pays par leurs querelles, et en les renfermant strictement dans le cercle de leurs attributions religieuses. Il se montra aussi impitoyable pour les mis-

    cisme après la double élection d’Urbain VI et de Clément VII en 1378 et qui partagea en deux l’Église romaine. Il dura 78 ans.

  1. Nous avons adopté, à l’imitation de plusieurs des écrivains qui ont parlé du Japon, le mot de shogounat pour désigner le pouvoir ou la dignité des shogouns, comme le mot royauté désigne le pouvoir ou la dignité des rois.