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LE JAPON.

l’impératrice Zingou-Kogo dirige en personne contre la Corée une expédition d’où elle revient triomphante. Cette guerre, entourée dans les légendes du pays d’évènements miraculeux, eut une influence considérable sur les destinées du Japon. La Corée était une province tributaire de l’empire de Chine, dans lequel les lettres, les arts et les sciences avaient déjà pris un développement très considérable, tandis que le Niphon était encore plongé dans l’ignorance. Cette victoire sur la Corée fut pour les Japonais ce qu’avait été pour les Romains la réduction de la Grèce en province romaine[1]:

Græcia capta ferum victorem cepit.

Les Chinois, appelés par des voisins qui avaient appris à connaître et à estimer leur civilisation, vinrent en grand nombre s’établir dans le Niphon et y apportèrent leur religion, leur écriture, leur littérature, leurs arts et leur industrie.

Pendant les sept siècles suivants, le pays, en paix avec la Chine et la Corée, jouit aussi à l’intérieur d’une assez grande tranquillité. C’est pendant cette période que s’établissent les castes et que la noblesse militaire acquiert ses privilèges.

C’est aussi pendant ce temps que les chefs de l’armée, les shogouns, étendent peu à peu leur pouvoir, et de simples commandants militaires deviennent insensiblement les vrais maîtres de l’empire. Une seule époque dans notre histoire peut donner une idée de la façon dont cette transformation s’accomplit, et du rôle respectif des shogouns et des mikados : c’est la période qui s’étend de la fin du vie siècle à la fin du viiie, pendant laquelle les maires du palais conquièrent peu à peu la réalité d’un pouvoir dont les descendants de Mérovée continuent à garder le titre et l’apparence. Seulement, en France, les maires du palais n’ont pas mis tout

  1. La Grèce, prise par Rome, prit à son tour ses grossiers vainqueurs.