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LE JAPON.

Osaka, qui, du milieu du viie siècle de notre ère jusqu’à la fin du xiie, servit de résidence aux mikados, est aujourd’hui la capitale commerciale du Japon. Elle a plus de 500 000 habitants. Le mouvement maritime y est immense. Mais à ce point de vue sa prospérité serait menacée, d’après M. de Hubner, par une petite ville, presque un simple village, nommé Hiogo, situé à quelques kilomètres d’Osaka. Les traités ont permis aux Européens de s’établir à Hiogo, dont pourront approcher sans difficulté les immenses steamers des grandes compagnies de navigation anglaise et françaises, tandis que dans la partie du golfe où se trouve la Venise de l’extrême Orient l’eau est peu profonde, et la barre que forment les flots en se précipitant à la marée montante dans le Yodo Gaoua est dangereuse pour les navires.

Osaka n’a ni palais splendides ni temples célèbres ; le seul de ses monuments dont les derniers voyageurs qui l’aient visitée nous entretiennent, est un hôtel des monnaies élevé tout récemment, dans le style européen, part des Anglais. Ce n’est pas là un édifice dont la description puisse nous offrir beaucoup d’intérêt, mais la ville n’en est pas moins fort curieuse. Sa population aime à la fois le travail et plaisir.

Les rues sont très étroites ; elles ont rarement, d’après M. de Hubner, plus de quatre à huit pieds de largeur ; mais elles sont propres et bien aérées. Elles sont toutes en ligne droite et se coupent à angle droit.

Plusieurs quartiers, qui ne contiennent absolument que des boutiques, forment d’immenses files de parallélogrammes, longs, bas et sombres. « Les tons noirs et gris prédominent, dit M. de Hubner. Rien de moins gracieux ni de plus triste ; mais le regard n’a pas le temps de s’arrêter aux maisons. Il est absorbé par la richesse et la variété, j’ajouterai par l’étrangeté des objets exposés en vente et par la foule bariolée des piétons. »