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LE JAPON.


rendre visite au grand chef, dont ils reconnaissaient la souveraineté en principe tout en l’annulant dans la pratique, a beaucoup plus de caractère et de grandeur que la résidence des mikados. Il est vrai que le château fut rebâti à la fin du xvie siècle ou au début du xviie par Taïko Sama, qu’on pourrait appeler le Louis XIV du Japon.

Devant le mur d’enceinte s’étend une vaste esplanade plantée de beaux arbres. Entre ce muret le palais on traverse une cour spacieuse. La porte principale, est ornée d’oiseaux et de fleurs en haut relief peints et dorés. Les pièces du palais sont très grandes et très élevées. « Sur des plafonds en or mat, dit M. de Hubner, des poutres sculptées se croisent en échiquier et des plaques de bronze doré d’un dessin fort élégant marquent les points où elles se rencontrent. Nous traversons plusieurs pièces avant d’arriver à la grande salle, longue environ de quatre-vingts pieds, large de trente et haute de vingt-deux. Le plafond est d’une grande beauté ; les cloisons mobiles et les murs présentent sur un fond d’or des arbres de grandes dimensions hardiment simplement dessinés. Autour de cette pièce règne un couloir dont les fenêtres, percées dans le haut du mur sont d’une richesse, d’une variété et d’une exécution merveilleuses. L’appartement qu’habitait le shogoun est décoré de lambris en vieux laque et de quelques tableaux précieux. L’emblème du shogoun, un trèfle entouré d’un anneau, est ici reproduit à l’infini. »

Dans cette ancienne capitale religieuse du Japon, les sanctuaires et les édifices consacrés au culte méritent tout spécialement d’attirer notre attention.

Vers la fin du xviie siècle, l’ancien culte national, le culte des kamis[1], comptait à Kioto 2757 mias (les mias sont des chapelles ou de tout petits temples). La religion bouddhiste[2]

  1. Les kamis étaient des bienfaiteurs de l’humanité et des grands hommes divinisés (voir le chap. x).
  2. Religion née dans l’Inde, d’où elle se répandit en Chine, puis au Japon (voir au chap. x).