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LE JAPON.


sins du rivage, au lieu d’être, comme dans nos grands ports européens, consacrés aux magasins, aux docks, aux entrepôts et aux chantiers de construction, sont peu bâtis et peu peuplés ; on y trouve surtout des jardins et des rizières.

En s’éloignant de la mer, c’est-à-dire en se dirigeant du sud vers le nord, on ne tarde pas à rencontrer le soto-siro ou quartier qui entoure le château, puis le siro ou le château, ancienne résidence des shogouns, aujourd’hui résidence du mikado. À l’est du siro se trouve la cité marchande. Au nord de la cité s’étend le quartier d’Asaksa, consacré à la religion et aux plaisirs, aux temples et aux théâtres. Puis on arrive à une banlieue pleine de jardins, de vergers, de maisons de thé (restaurants et cafés) champêtres. Deux grandes rivières et un assez grand nombre de cours d’eau de moindre importance traversent la ville. Ces cours d’eau sont reliés entre eux par une foule de canaux couverts de longues barques chargées de bois, de charbon, de cannes de bambou, de nattes, de paniers couverts, de caisses, de tonnelets, de poissons énormes. C’est par les canaux et non par la mer que Yédo exporte ses produits et reçoit tous les approvisionnements nécessaires à une grande ville.

L’espace occupé par le siro n’a pas moins de 8 kilomètres de circonférence ; il est entouré d’une longue muraille munie de nombreuses tourelles, et partout protégé par des fossés et de petits lacs. C’est une véritable forteresse, qui rappelle beaucoup les anciennes résidences de nos souverains et de nos seigneurs du xive et du xve siècle. C’est que le Japon, ainsi qu’on le verra plus loin, a eu, lui aussi, son moyen âge, qui vient à peine de prendre fin.

Les daïmios (princes ou seigneurs féodaux) avaient leurs demeures renfermées et cachées dans d’immenses terrains enclos de toutes parts de longues murailles ; mais le shogoun ne leur permettait pas de s’y fortifier à son exemple, car c’était contre leurs conspirations incessantes qu’il voulait se