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LES HABITANTS.

sur aucune des cartes que nos lecteurs peuvent avoir à leur disposition ; mais il est bon de consacrer quelques pages à une description sommaire des principales villes du Japon.

Nous commencerons par celle où débarque à peu près forcément tout voyageur arrivant de l’Europe ou des États-Unis par l’une des grandes lignes de steamers établies dans ces vingt dernières années : nous voulons dire Yokohama.

Sur la côte occidentale du Niphon, que baigne l’océan Pacifique, entre le 35° et le 36° degré de latitude nord, on trouve la baie d’Yédo ; c’est à peu près au milieu de la côte ouest de cette baie profonde que s’élève la ville de Yokohama, fondée par les Européens depuis les traités qui ont ouvert en partie le Japon à notre commerce. Yokohama est bâtie sur une île, car le gouvernement japonais n’avait signé ces traités qu’à regret, après avoir vu l’immense empire de la Chine battu par les « barbares chrétiens» ; aussi comptait-il d’abord essayer d’agir avec toutes les nations civilisées comme il avait pu le faire pendant près de trois siècles avec les Hollandais enfermés dans le petit îlot de Décima ; mais ses plans perfides échouèrent bientôt, comme nous le verrons ailleurs.

Le terrain sur lequel est construit le principal établissement des Européens au Japon est baigné d’un côté par la mer ; il est d’autre part séparé de la terre ferme par une rivière et par un canal. La ville se compose de trois parties bien distinctes, la ville européenne est jolie, propre, bien bâtie en bois et en briques ; les rues, bien alignées, les unes parallèles et les autres perpendiculaires au quai, se croisent à angle droit. La ville chinoise est pauvre, et l’on y retrouve la saleté qui offusque les voyageurs dans tous les établissements des fils du Céleste Empire, à San-Francisco aussi bien qu’à Pékin ou à Nankin. Enfin, au nord, s’étend la ville japonaise, appelée Benten. Elle offre le coup d’œil le plus curieux au Français qui la visite en descendant du paquebot, car c’est