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LE JAPON.

le teint jaune clair. Jugés d’après notre idéal du type caucasique, ils nous paraissent généralement laids à divers degrés ; mais leur physionomie mobile et expressive, leur regard intelligent, compensent aisément ces défectuosités. »

On rencontre aujourd’hui assez de Japonais en France pour qu’il nous soit aisé de contrôler par nous-mêmes le portrait que nous venons d’emprunter à un ancien fonctionnaire d’Yédo. Quand nous avons commencé à rencontrer dans nos rues et sur nos promenades ces jeunes sujets du Mikado, venus parmi nous pour s’instruire dans les arts et dans les sciences de l’Europe, et vêtus à la dernière mode de Paris, nous avons d’abord été frappés de ce que nous appelions leur laideur. Mais il ne nous a pas fallu longtemps pour nous habituer à ces types, qui nous choquaient surtout parce qu’ils étaient entièrement nouveaux pour notre œil, et nous n’avons pas tardé à reconnaître que ces figures, si différentes des nôtres, avaient quelque chose d’intelligent et d’aimable qui nous réconciliait vite avec leur étrangeté.

Il y a bien peu d’années encore, on ne pouvait trouver dans tout l’empire du Soleil levant que des Japonais et des Aïnos. Aujourd’hui les anciennes barrières qui en fermaient l’entrée aux étrangers sont tombées : mais on peut se demander à qui profitera ce grand changement. Les États-Unis et l’Europe ont cru servir les intérêts de leur commerce en forçant ces portes si longtemps et si obstinément fermées ; jusqu’à présent les résultats obtenus n’ont pas lieu de nous réjouir beaucoup.

Deux ou trois mille hommes de race blanche sont allés s’établir au Japon ; ils y font à peu près leurs affaires ; à moins que le gouvernement japonais ne les autorise à exploiter les richesses minérales de son sol, il n’est pas probable qu’un nombre plus considérable d’Européens et d’Américains puissent trouver à y vivre. Les Chinois, au contraire, qui y sont venus à leur suite, y prospèrent ; ils y viennent chaque jour