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LE JAPON.

Les femmes sont remarquablement jolies pendant leur première jeunesse, au dire du même écrivain. Leur regard, voilé de longs cils, a quelque chose d’effarouché comme celui des gazelles. Elles marchent pieds nus, et s’habillent, comme les hommes, d’une robe unique décorée d’arbre. Leurs bras sont couverts de tatouages, elles portent des lambeaux d’étoffe rouge en guise de pendants d’oreilles. Elles peignent sur leur lèvre supérieure une sorte de moustache rouge qui ne doit pas les embellir aux yeux d’un Européen.

Leur religion est un paganisme grossier. Pour honorer leurs dieux, ils leur immolent de vieux chevaux, des daims et des ours pris vivants ; ils leur offrent des libations de riz et de saki (eau-de-vie de riz).

Leur vie, au milieu de l’immense forêt qui couvre leur île et des rochers qui en bordent les côtes, est singulièrement monotone et triste ; aussi sont-ils sombres et taciturnes. Ils ne demandent au travail que juste ce qu’il faut pour ne pas mourir de faim, et pour avoir de quoi s’enivrer de temps à autre avec du saki.

La civilisation japonaise est mortelle pour ces sauvages, comme la civilisation européenne pour les Indiens du Nouveau-Monde. Les Aïnos, depuis longtemps refoulés dans Yéso, tendent à disparaître : ils ne sont plus aujourd’hui qu’au nombre de 11 000 environ. Quand leur île, riche en forêts, et, dit-on, en mines de charbon de terre, sera exploitée, ce qui ne peut tarder, par l’industrie européenne, il est à croire que les derniers représentants de cette race inférieure seront tués en peu de temps par une civilisation dont ils ne sauront prendre que les vices.

Nous nous sommes étendu un peu longuement sur les Aïnos, parce que nous n’aurons plus à parler d’eux dans le cours de cet ouvrage. Nous ne dirons au contraire à celle place que quelques mots des Japonais, puisque c’est leur histoire, leurs mœurs, leurs usages et leur caractère qui font l’objet