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LES HABITANTS.

qui envahirent le Niphon, dans les temps préhistoriques, étaient des Javanais, ou tout au moins des hommes de la même famille.

Les Aïnos d’Yéso ressemblent, dit-on, aux Esquimaux. Ils sont restés à l’état sauvage. Ils habitent des cabanes d’une horrible malpropreté. Ils vivent de la chasse et de la pêche. Tout leur commerce se borne à la vente d’une partie de leur gibier et des poissons qu’ils ont pris. Leur industrie consiste uniquement dans la fabrication des instruments très primitifs qui leur sont nécessaires, et dans la salaison des saumons, qu’ils prennent par milliers dans leurs rivières.

Pendant que nos armuriers européens inventent de magnifiques fusils pour la chasse du tigre, du lion et de l’éléphant, les Aïnos ne connaissent encore que l’arc pour tuer les énormes ours bruns qui abondent dans leurs forêts ; mais ils ont imaginé un moyen aussi étrange qu’ingénieux pour abattre sans danger, avec de si faibles armes, un ennemi si formidable. Ils étudient les habitudes d’un ours ; quand ils connaissent les sentiers qu’ils se fraye à travers bois, ils y tendent un arc, muni d’une flèche dont ils ont trempé la pointe dans un poison qu’ils savent préparer : un fil tendu sur le passage de la bête fait partir le trait quand elle se présente. Pourvu qu’elle soit atteinte, le poison produit un effet presque foudroyant, et le chasseur n’a plus qu’à suivre à la trace l’animal blessé pour trouver promptement son cadavre.

Ces sauvages ont la peau rouge, d’une teinte cuivrée, aussi différente de celle du Malais que de celle du Japonais ou de l’Européen. Leurs cheveux, très longs et incultes, sont légèrement crépus ; ils ne rasent jamais leur barbe. Les hommes, selon M. Bousquet, sont généralement bien faits et vigoureux ; leurs yeux sont grands et ont une expression de franchise, leur physionomie est douce, leurs traits sont réguliers ; mais leurs lèvres épaisses, leurs fronts bas et leurs longs cheveux pendant sur leur figure montrent l’infériorité de leur race.