Page:Villetard - Le Japon, 1879.djvu/24

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
22
LE JAPON.

dire de mon jeune guide, je ne vois rien encore autour de moi, sinon la fumée d’un hameau voisin, quand tout à coup, un pas de plus, un détour brusque, et — le paysage japonais, avec ses déchirures, ses escarpements, ses bois opaques, a de ces surprises et de ces coups de théâtre — j’eus sous les yeux douze provinces ! Au sud Aoua, et son chaos de rochers volcaniques, Idzou, avancée en sentinelle dans la mer, Kadzoura, Jagami, etc…, et sous nos pieds la baie d’Yédo, avec ses deux gardiens majestueux, le Fousi et l’Asama Yama. Je restai ébloui, fasciné ! »

D’une autre hauteur, sur la baie de Matsou Sinia, le même écrivain découvre huit cents îles qui forment le plus merveilleux tableau.

On conçoit aisément que dans un pays où les côtes sont si profondément découpées, où les grandes montagnes s’offrent de tous côtes aux regards, où la végétation est luxuriante, où l’homme a semé partout ses habitations et ses temples, où un air d’une incroyable transparence laisse les regards s’étendre si loin, les paysages les plus variés et les plus splendides excitent presque à chaque pas l’admiration des voyageurs.

Nous avons déjà cité plusieurs descriptions de M. Georges Bousquet. M. de Hubner, dans sa Promenade autour du monde, ne se montre pas moins émerveillé de l’aspect à la fois gai et grandiose de la nature japonaise. Voyez, par exemple, comment il décrit les spectacles variés qui frappent ses yeux pendant qu’à bord du steamer le New-York il navigue sur la Mer intérieure :

« Au lever du soleil je viens sur le pont. Des deux côtés surgissent des îlots coniques. Au sud se développent les hautes montagnes de l’île de Sikokf.

» À deux heures, nous sommes devant Mehara… Nous passons devant le yashki (château) d’aspect féodal du prince de Keshou : pour l’œil, c’est un mur percé à égales distances