Page:Villetard - Le Japon, 1879.djvu/186

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
184
LE JAPON.

un plaisir quelque peu féroce à voir des animaux lutter les uns contre les autres. Combats de bêtes féroces, combats de chiens et combats de coqs ont été les plaisirs favoris d’une foule de gens dans tous les temps et dans toutes les parties du monde. La France et le Japon figurent parmi les nations qui ont le moins aimé ces spectacles sanglants. Au Japon, nous ne voyons en fait de distraction de ce genre que les combats de coqs qui semblent avoir été quelque peu en honneur. La cour désœuvrée du mikado y prenait autrefois un vif plaisir. Aujourd’hui elle a mieux à faire qu’à voir de malheureux volatiles s’entr’égorger.

L’un des premiers soins de la colonie anglaise de Yokohama a été, comme bien l’on pense, d’organiser des courses de chevaux. C’est un plaisir sans lequel la vie semblerait intolérable à nos voisins d’outre-Manche. Le dernier shogoun s’empressa de les imiter, et Yédo a maintenant son champ de courses tout comme nos capitales européennes. Mais, avant d’avoir adopté ce genre de distraction, les Japonais adoraient les spectacles de lutteurs. Leurs athlètes n’échangeaient pas de coups de poing comme les boxeurs anglais ou américains ; le déploiement de leur force et de leur adresse n’avait rien de répugnant ou de pénible à voir ; pas de sang versé, pas de dents brisées, pas d’yeux pochés : chacun des deux combattants aux prises cherchait seulement à pousser son adversaire hors de la circonférence du cercle dans lequel la lutte avait lieu. Ce spectacle passionnait les sujets du mikado, qui pariaient pour tel ou tel champion, comme on parie chez nous pour tel ou tel cheval.

II

La cuisine japonaise.

Nous venons de voir comment les Japonais nourrissent et charment leur esprit ; il faut dire au moins quelques mots