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LE JAPON.

autres Parisiens, à nos affaires, ne se termine que plus ou moins avant dans la nuit. Cela nous semble fort étrange ; mais il faut nous rappeler que nos mystères du xve et du xvie siècle se jouaient aussi pendant le jour et que souvent une seule pièce durait trois ou quatre jours de suite. Il est vrai qu’on n’avait pas alors de théâtres réguliers et que ces représentations étaient pour les villes où elles avaient lieu de véritables fêtes publiques pendant lesquelles tout travail s’arrêtait. Seulement chez nos ancêtres la représentation qui commençait à sept ou huit heures du matin était suspendue vers midi pour que chacun pût aller dîner, et on l’interrompait de nouveau à l’heure du souper, pour ne la reprendre que le lendemain. À Yédo, les spectateurs ne quittent pas le théâtre ; ils se tout apporter leur repas dans leurs loges.

Très amis du drame et de la comédie, les Japonais aiment aussi passionnément les faiseurs de tours et les jongleurs. Ceux de leur pays sont d’une adresse merveilleuse, et beaucoup de leurs exercices sont singulièrement gracieux. Quelques-uns des plus jolis ont été récemment importés en France. Plusieurs de nos lecteurs ont sans doute vu, par exemple, le célèbre jeu des papillons qui, n’est pas un tour d’escamotage, mais un simple tour d’adresse. Le jongleur prend devant le public une feuille de papier, en déchire un petit morceau, auquel il donne en quelques coups de doigts la forme d’un papillon, puis il le lance en l’air, et en agitant son éventail il le fait monter, descendre, tourner, se reposer, reprendre son vol, comme le peut faire un vrai papillon voltigeant librement dans un jardin ; puis il en fabrique un second qu’il lance à la poursuite du premier et voilà les deux bestioles artificielles qui se recherchent, s’évitent, se rapprochent, s’éloignent l’une de l’autre, vont se poser sur un bouquet, reprennent leur vol et continuent leurs jeux charmants, jusqu’à ce qu’il plaise à leur créateur d’arrêter le mou-