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LE JAPON.

autres par des balustrades basses, sur lesquelles courent, les gens de service qui apportent aux spectateurs du tabac, du feu, des rafraîchissements et des comestibles. Il est en outre traversé des deux côtés dans toute sa longueur par deux estrades sur lesquelles les acteurs viennent souvent jouer une partie de leur rôle et par lesquelles une partie des personnages font leurs entrées et leurs sorties, ce qui doit, beaucoup diminuer l’effet de certains coups de théâtre.

Les femmes ne paraissent sur la scène qu’en qualité de danseuses : dans toutes les pièces autres que les ballets les rôles de femme sont joués par des hommes. Il nous semble difficile de prendre au sérieux une héroïne représentée par un homme ; mais tout est affaire d’habitude. La scène, au lieu d’être comme chez nous vivement éclairée par les nombreux becs de gaz de la rampe, est dans une demi-obscurité que dissipent assez mal quelques lumières placées à peu près à hauteur d’homme de distance en distance. Dans de telles conditions, les gestes des acteurs et surtout leurs jeux de physionomie risqueraient d’être perdus pour les spectateurs. Pour éviter cet inconvénient, chaque personnage qui est en scène a auprès de lui un comparse, étranger à l’action, et censément invisible pour le public, qui porte une chandelle de résine au bout d’un bâton et la tient de façon à éclairer toujours le visage de l’acteur dont il accompagne tous les pas. Voilà encore une chose qui choque terriblement nos habitudes ; mais tout est convention au théâtre, et les conventions de notre scène semblent peut-être aussi étranges aux Japonais que peuvent nous le paraître celles qu’ils ont admises sur la leur.

Dans beaucoup de théâtres, les représentations n’ont lieu que le soir ; elles commencent et finissent à peu près aux mêmes heures qu’à Paris ; mais la plupart des voyageurs nous parlent aussi de théâtres qui ouvrent le matin et où la pièce, commencée à peu près à l’heure où nous nous mettons, nous