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LE JAPON.

commerce sont le thé et la soie. Or le thé du Japon, qui possède, dit-on, de précieuses propriétés hygiéniques, n’est pas estimé en Europe, et ne trouve d’acheteurs qu’en Amérique. La soie brute du Niphon ne vaut pas celle du midi de la France, soigneusement dévidée par d’habiles ouvriers ; elle est pourtant encore assez belle pour faire l’objet d’un commerce important ; quant aux graines de vers à soie, qu’on allait acheter fort cher, il y a quelques années, dans les contrées de l’extrême Orient, nous n’en avons plus besoin depuis la fin de la maladie dont le précieux insecte était atteint sur notre continent.

Les soies brodées, les porcelaines, les bronzes, les laques, et en général tous les objets d’art et de fantaisie ne représentent dans l’ensemble du commerce avec l’Europe qu’une somme relativement peu importante ; il en est de même de tous les autres articles (objets travaillés ou matières premières), que les nations de l’Occident trouvent jusqu’ici à acheter dans les ports qui leur sont ouverts.

Si le Japon a, en somme, assez peu de choses à nous vendre, nous ne pouvons par malheur presque rien lui offrir dont il ait besoin.

Les gens du peuple sont, comme nous l’avons vu, habitués à aller tout nus une grande partie de l’année. Cette nudité choque d’autant plus vivement les Anglais qu’elle les empêche de trouver dans le pays un débouché pour les produits de leurs manufactures. Mais ce ne sera pas l’affaire d’un jour d’imposer des vêtements à un peuple qui s’en passe de temps immémorial. Les Japonais sont, d’autre part, assez industrieux pour avoir su se fabriquer depuis longtemps tout ce qui était nécessaire à leurs besoins, et ils ne sont pas assez riches pour se donner aujourd’hui un luxe superflu. De sorte que nos négociants ne savent que leur offrir, au moins comme objets d’un commerce habituel et régulier. Comme affaires exceptionnelles et de circonstance il en est tout autrement,