Page:Villetard - Le Japon, 1879.djvu/168

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE X

LES AFFAIRES ET LES VOYAGES

I

Le commerce. — Les monnaies. — Un billet de banque japonais.

Chaque fois qu’une terre lointaine, s’ouvre à l’activité européenne, elle est aussitôt envahie par des flots d’émigrants qui ont rêvé d’y faire en quelques mois des fortunes extravagantes. Après la découverte des mines d’or de la Californie, tout malheureux qui s’embarquait pour San-Francisco, se voyait déjà, en imagination, possesseur de millions recueillis en quelques instants dans le lit du Sacramento. Quand on apprit un peu plus tard que le mystérieux empire du Soleil levant consentait à admettre les étrangers dans quelques-uns de ses ports, des rêves presque aussi dorés hantèrent les cervelles de bien des négociants, et l’on crut qu’on allait en peu de temps inonder de marchandises, invendables chez nous, tous les sujets du taïcoun. Le réveil fut prompt, et la désillusion complète en peu d’années.

Cependant, parmi les premiers arrivés, quelques-uns firent d’abord de magnifiques affaires. Les monnaies n’avaient pas, au Japon, de valeur fixe, et le gouvernement en déterminait arbitrairement le cours au gré de ses caprices ou de ses intérêts, comme le faisaient jadis nos souverains du moyen âge.