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LA RELIGION ET L’INSTRUCTION PUBLIQUE.

testable. Mais c’est surtout dans la réforme de l’enseignement militaire que les progrès ont été rapides et brillants. Les Japonais étaient braves mais indisciplinés. De plus, par leur armement, comme nous l’avons dit plus haut, ils ressemblaient infiniment plus aux troupes européennes du xive et du xve siècles qu’à celles du xixe. Cependant, en quelques années, la révolution la plus profonde et la plus complète a été opérée : uniformes, armes, tactique, tout a été renouvelé ; les soldats du mikado, tout en gardant leur ancienne bravoure, se sont admirablement pliés aux règles de l’art militaire moderne, aux exigences d’un armement compliqué et au joug de la discipline. Ils manœuvrent aujourd’hui avec une précision qui fait l’étonnement de leurs instructeurs eux-mêmes. Nous sommes fiers d’ajouter que ces instructeurs sont des Français.

En 1867 une première mission française avait préparé la nouvelle organisation de l’armée. Les événements politiques interrompirent ses travaux. En 1872 une nouvelle mission reprit l’œuvre interrompue. Quinze officiers français et onze sous-officiers ont suffi pour donner aux troupes l’instruction pratique sur le terrain, aux officiers et aux sous-officiers indigènes l’enseignement théorique.

Une école militaire semblable à notre école de Saint-Cyr a été élevée d’après les plans d’un officier français : deux autres officiers français assistent de leurs conseils le haut fonctionnaire japonais qui la dirige. Les élèves y sont admis, comme à Saint-Cyr, à la suite d’un concours. Au bout des deux années qu’y durent les études, ils en sortent avec le grade de sous-lieutenant. Ils y sont au nombre de trois cents. Soixante-cinq professeurs indigènes, huit Français (cinq officiers et trois sous-officiers) y donnent l’enseignement théorique et pratique. Reste à savoir si cette armée si bien organisée trouverait au jour du danger des chefs capables de la bien diriger ; une armée est un instrument qui ne sert à rien en des mains malhabiles.