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LA RELIGION ET L’INSTRUCTION PUBLIQUE.

prendre l’anglais ou le français. Nous devons ajouter que par malheur c’est la langue de nos voisins qu’ils étudient en général de préférence à la nôtre, et cela pour plusieurs raisons. D’abord l’anglais, qui est parlé à la fois par les habitants des Iles Britanniques et par ceux des États-Unis d’Amérique, met les hommes de l’extrême Orient qui l’étudient en rapport avec deux grandes nations ; en outre, les Anglais, en gens pratiques, ont écrit et imprimé dans leur langue un nombre immense de petits traités élémentaires, où les Japonais qui veulent s’instruire dans les sciences de la civilisation occidentale trouvent tout ce dont ils ont besoin, tandis que les Français n’ont rien su faire de pareil ; notre langue qui, grâce aux officiers français appelés au Japon pour instruire l’armée, est devenue dans les troupes du mikado la langue du commandement, ne sert pas à grand’chose à ceux des Japonais qui ne se destinent pas à la carrière dés armés.

Nous n’avons parlé jusqu’ici que d’établissements d’instruction publique correspondant à nos écoles primaires et à nos lycées. Depuis que le Japon cherche à s’initier aux sciences européennes, des établissements d’un genre plus élevé sont devenus nécessaires, et ils s’organisent un, à un sans plan, sans méthode, un peu au hasard, à mesure que les besoins se font plus vivement sentir.

Avant la révolution de 1868, il s’était fondé à Nagasaki une école de médecine, qu’on a plus tard transportée à Yédo. Les premiers professeurs y furent tout naturellement des Hollandais, puisque la Hollande avait à peu près seule alors un pied au Japon ; mais, depuis cette époque, les Allemands ont pris leur place : sur dix-neuf professeurs on comptait, il y a trois ans, onze Japonais et huit Allemands. Les cours étaient suivis par 242 élèves. Avant la création de cette école, la médecine japonaise n’était qu’un recueil de recettes de bonne femme. Il n’y a pas longtemps qu’on a fait au Japon la première dissection ; jusque-là les médecins n’a-