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LE JAPON.

où l’on cherche à amuser le lecteur par une succession rapide d’événements bizarres, beaucoup plus qu’à le charmer par l’analyse des caractères et l’étude des passions. Les livres où les images tiennent une grande place et les recueils où elles tiennent à peu près toute la place, sont très nombreux et très curieux pour nous autres Européens.

Les Japonais n’ont pas les mêmes procédés que nous pour imprimer des gravures, mais par leurs procédés ils arrivent à des résultats déjà satisfaisants. Beaucoup de nos lecteurs ont certainement pu s’en convaincre par eux-mêmes en feuilletant ou en dépliant ces albums japonais qu’on trouve maintenant en grande abondance et à très bon marché dans certains magasins de Paris.

L’instruction primaire est tellement répandue au Japon, qu’en dehors de quelques êtres disgraciés de la nature il n’y a pour ainsi dire pas, dans le Niphon, un seul sujet du mikado, homme ou femme, qui ne sache lire couramment, écrire et compter. Nul pays en Europe ne peut à cet égard soutenir la comparaison avec le Japon. Par malheur, cette instruction élémentaire est insuffisante, puisqu’elle ne met pas ceux qui la possèdent à même d’acquérir ensuite tout seuls, comme cela arrive si souvent chez nous, les connaissances d’un degré plus élevé dont ils viennent à sentir plus tard le besoin.

Les élèves des écoles supérieures eux-mêmes trouvent la science qu’ils y ont péniblement acquise bien insuffisante, quand ils veulent aujourd’hui s’initier à nos lettres et à nos sciences. La langue elle-même est rebelle et ne se prête pas à rendre nos idées abstraites. Elle peut servir sans trop de peine pour exposer ce qui concerne notre industrie et nos arts industriels ; mais quant à faire en japonais des leçons de droit, de politique, ou d’économie politique, c’est, paraît-il, chose absolument impossible. Aussi les jeunes Japonais qu’on veut maintenant instruire à l’européenne — et ils deviennent de plus en plus nombreux — doivent-ils commencer par ap-