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LE JAPON.

l’usage de brûler les corps, comme le faisaient les anciens Romains, et la crémation[1], un instant interdite dans ces dernières années, a bientôt été de nouveau autorisée. Parmi les sectes qui enterrent leurs morts, quelques-unes, en petit nombre, les couchent tout de leur long dans la bière ; la plupart des autres les placent dans des boîtes de forme cubique, accroupis sur les talons, dans la position affectionnée par les Japonais, qui, comme nous l’avons dît, n’ont ni fauteuils, ni chaises, ni sièges d’aucun genre.

Ainsi la religion au Japon s’occupe de l’homme quand il vient au monde et après sa mort ; mais dans tout le cours de sa vie il n’y a pas une seule heure où elle doive nécessairement intervenir. Il n’est pas étonnant dès lors que les Japonais se soient désintéressés de cultes avec lesquels leurs relations étaient si rares. Les shogouns ont atteint le but qu’ils s’étaient proposé ; mais ils n’y ont pas beaucoup gagné, puisque, au lieu d’être renversés par les bonzes, ils l’ont été par les daïmios.

III

La langue et l’alphabet. — Les écoles des nobles et celles du peuple. — La littérature savante et la littérature populaire. — Une langue rebelle. — Les jeunes Japonais et les langues européennes. — Enseignement supérieur. — Ecoles du gouvernement. — Manufactures impériales.

La Chine, qui a été la grande éducatrice des Japonais, ne leur a pas seulement donné le bouddhisme et l’art de fabriquer la porcelaine ; par malheur pour eux, c’est encore elle qui leur a appris à écrire, on pourrait presque dire à parler.

La langue japonaise, au moins la langue nationale, la

  1. L’inhumation est l’acte de déposer dans la terre les corps des défunts ; la crémation est l’acte de les brûler.