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LE JAPON.

beaucoup d’entre eux sont devenus d’habiles photographes ; beaucoup d’autres se sont mis aux travaux de notre grande industrie. Non seulement le Japon a acheté des bateaux à vapeur à l’Europe, mais les Japonais en ont étudié le mécanisme et déjà plus d’un steamer construit ou tout au moins réparé par eux sillonne la Mer intérieure. Il est vrai que les machines sont encore assez primitives comme exécution, que les rouages crient et grincent et que la marche de ces steamers indigènes est généralement capricieuse ; mais il ne faut pas oublier qu’ils sont l’œuvre de constructeurs apprentis ; il est probable qu’il se formera promptement parmi eux de très habiles mécaniciens.

II

Le point d’honneur dans les hautes classes. — Le hara-kiri, ou l’art de s’ouvrir le ventre en société. — Histoire des quarante-sept ronines.

On voit sans doute parfois au Japon deux hommes armés qui se prennent de querelle en venir à tirer leurs sabres pour se battre ; mais le duel, tel que nous le comprenons en Europe, c’est-à-dire cette rencontre dont les conditions sont réglées à l’avance dans tous leurs détails par des amis des deux adversaires, le duel, qui est chez nous un dernier reste de nos anciennes mœurs militaires et chevaleresques, n’a jamais existé dans la féodalité japonaise. Il y était remplacé par quelque chose de plus terrible, le hara-kiri ou hari-kiri.

Quand un seigneur, un personnage pour qui les lois de l’honneur étaient sacrées, avait reçu une offense qu’il jugeait irréparable, il se décidait à on finir avec la vie. Seulement, au lieu de se tuer dans l’isolement, en se cachant de tous, comme les malheureux que le désespoir pousse chez nous au suicide, il annonçait à ses proches et à ses amis sa résolution, et il les engageait à venir le voir mourir. Il les recevait dans la principale pièce de sa maison, disposée pour cette lugubre