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CHAPITRE VIII

CARACTÈRES, MŒURS ET USAGES

I

Douceur et urbanité du peuple japonais.

On a appelé les Japonais « les Français de l’extrême Orient ». Cette formule a l’avantage et l’inconvénient de toutes les formules : elle est brève et facile à retenir ; mais, en mêlant un peu de vérité à beaucoup d’erreur, elle risque de mettre dans la tête des gens qui la prennent au pied de la lettre une idée parfaitement fausse.

Les Japonais sont en général d’un caractère doux, facile et modéré. Avec des lois qui constituaient en théorie un effroyable despotisme, leur gouvernement, pendant les deux derniers siècles, semble n’avoir jamais été par trop tyrannique. Il est vrai que la rivalité sourde du mikado et du shogoun permettait aux grands de s’appuyer en cas de besoin sur la cour de Kioto pour maintenir la cour de Yédo dans de certaines limites, en lui inspirant la crainte salutaire d’une révolution facile à accomplir, comme les événements de 1867 et 1868 l’ont prouvé. En dépit des lois qui donnaient à l’aristocratie droit de vie et de mort sur le peuple et la bourgeoisie, il ne semble pas que les classes inférieures de la société aient eu trop à souffrir des abus de pouvoir et des exactions de la noblesse.