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L’ORGANISATION ET LA LÉGISLATION FÉODALES.

au Japon presque tous les gens du peuple. Il n’y a pas une industrie, pas un métier qui n’ait ses confréries ; les aveugles et les mendiants eux-mêmes ont les leurs, tout comme les jongleurs, les saltimbanques et les musiciens en plein vent.

M. Bousquet parle même d’une autre espèce d’associations formées entre gens de positions sociales très différentes, unis non pour défendre en commun des intérêts professionnels, mais pour s’aider et se soutenir mutuellement dans toutes les circonstances de la vie. Les pages consacrées à ces singulières associations par l’ancien fonctionnaire du gouvernement japonais ne rappellent plus dans notre esprit aucun souvenir historique ; elles nous feraient plutôt songer aux inventions les plus étranges de certains romanciers contemporains.

II

La législation ; les peines ; la torture ; les suppliées. — Histoire d’un enfant, d’un canard et d’un juge.

Les lois étaient en parfaite harmonie avec l’organisation sociale dont nous venons de résumer les principaux traits. Au Japon comme en Europe, la féodalité n’a pu prolonger son existence qu’en s’appuyant sur des lois d’une sévérité implacable. Les penseurs de l’Occident ont depuis longtemps remarqué que plus un pays est libre, plus il devient possible d’y adoucir sans inconvénient la rigueur des lois répressives. L’exemple du Japon prouve qu’il en est à cet égard absolument de même dans l’extrême Orient.

La législation qui était encore en pleine vigueur il y quelques années seulement dans l’empire des mikados, ressemblait beaucoup par plus d’un point à celle qui ne fut définitivement abolie chez nous qu’en 1789. Tout prévenu était considéré et traité comme un criminel, et pour lui infliger de cruels châtiments on n’attendait pas que la justice se fût prononcée. Il était arrêté, cela suffisait.