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LE JAPON.

L’éducation des femmes est moins négligée dans l’empire du Soleil levant que dans la plupart des autres pays. Presque toutes apprennent à lire et à écrire ; on leur fait étudier de petits traités élémentaires destinés à leur enseigner la morale, l’art de tenir leur ménage, et les devoirs qu’elles auront à remplir pour faire convenablement les honneurs de leur maison.

En somme, les Japonaises sont mieux élevées et plus heureuses, ou, pour parler plus exactement, moins malheureuses que les femmes de tous les pays bouddhistes ou musulmans. Celles des pays chrétiens sont les seules dont elles auraient le droit d’envier la condition.

De même que le mikado est maître absolu dans l’empire, le chef de famille est maître absolu dans sa maison. S’il peut répudier sa femme pour les causes les plus futiles, son pouvoir sur ses enfants est encore plus étendu, car il a sur eux droit de vie et de mort, et l’on cite, dit M. Bousquet, plus d’un exemple d’exécutions faites ou ordonnées par de nouveaux Brutus.

Le père n’a pas, il est vrai, le droit de laisser sa fortune ou une partie de sa fortune à ses filles, alors même qu’il n’a pas d’héritier mâle, mais il peut adopter son gendre ou un de ses gendres, qui acquiert tous les droits d’un fils.

Quand un homme qui a plusieurs fils meurt sans avoir disposé de ses biens, c’est l’aîné qui hérite seul ; mais l’ainé peut être déshérité par son père au profit d’un de ses cadets. L’héritier désigné, quel qu’il soit, ne peut refuser la succession et est tenu d’en accepter toutes les charges.

D’après les idées religieuses du Japon, il est nécessaire que chacun laisse après soi un représentant de la famille chargé d’accomplir certaines cérémonies, d’honorer ses ancêtres par des libations, d’entretenir leurs tombeaux et d’y aller prier à certaines époques. Aussi, à défaut de fils ou de gendres, tout Japonais se croit tenu d’adopter un enfant qui