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LE JAPON.

daïmio) pour les samouraïs, et celle du mikado (autrefois celle du shogoun) pour les daïmios.

Le mariage est un contrat purement civil dans lequel les bonzes ne sont pas appelés à intervenir. Le seul personnage qui y ait un rôle important en dehors des deux époux est l’intermédiaire qui a décidé leurs parents à les unir. Il se rend dans la maison de l’époux où la mariée s’est rendue de son côté ; il se place entre eux deux, et prend successivement trois coupes remplies de saki (eau-de-vie de riz), qu’il offre tour à tour à la jeune fille et au jeune homme. Quand chacune des trois coupes a été offerte et reçue trois fois, l’union est déclarée conclue. La nouvelle mariée rejette alors son voile et va avec son mari rejoindre leurs deux familles, qui les attendent pour célébrer joyeusement le repas de noces.

Le mari n’est pas dans son ménage un roi constitutionnel ; c’est un maître absolu dont rien ne tempère le pouvoir. Il peut répudier sa femme pour une foule de causes : si elle n’a pas d’enfants ; si elle montre une jalousie exagérée ; si elle parle « comme un perroquet » ; si elle manque de respect aux parents de son mari ; si elle dirige mal sa maison et ses enfants. La femme répudiée rentre dans sa famille, et a le droit de se remarier ; mais elle en trouve, paraît-il, rarement l’occasion.

On pourrait croire, d’après ce que nous venons de dire, que les sujets du mikado sont les hommes du monde qui divorcent le plus fréquemment ; mais, chez eux, les mœurs valent mieux que les lois : aussi le divorce n’y est-il pas, à ce qu’on dit, beaucoup plus commun que ne l’est en France la séparation de corps.

Au Japon, comme dans presque toutes les contrées placées en dehors de la civilisation chrétienne, la femme a dans la famille une position tout à fait infime. Légalement, elle y est plutôt l’esclave que la compagne de son mari ; mais elle y est en fait relativement heureuse, grâce à la douceur du caractère japonais.