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LE JAPON.

Les Japonais excellent à fabriquer des masques très plaisants et très expressifs, les uns en carton, les autres en bois laqué. On voit aujourd’hui beaucoup de ces figures grotesques à Paris chez les marchands de japonaiseries (si l’on nous permet de créer ce nouveau mot, qui nous est maintenant plus nécessaire que celui de chinoiseries). Les uns représentent des figures d’hommes, les autres des têtes d’animaux ; mais tous sont remarquables par l’expression qu’on a su leur donner. Les masques qui se fabriquent en grand nombre semblent faits surtout pour amuser les enfants, car les voyageurs n’ont rien vu au Japon qui ressemble à nos bals masqués ou à notre carnaval.

Le trentième jour après la naissance d’un enfant, ses parents le portent au temple du dieu de leur religion. Le père a choisi trois noms et les a inscrits d’avance sur un billet qu’il remet au bonze de service. Celui-ci les copie sur trois feuilles différentes qu’il agite en invoquant le dieu, puis il les jette en l’air, et le nom inscrit sur le papier qui tombe le premier à terre est celui qu’on donne au nouveau-né : c’est le ciel lui-même qui l’a désigné. L’enfant le garde jusqu’à quinze ans, c’est-à-dire jusqu’à l’époque de sa majorité. Il est alors regardé comme un homme fait, et on lui donne un second nom. S’il se marie, s’il obtient quelque fonction publique, si on lui confère une nouvelle dignité, chacun de ces événements est pour lui l’occasion d’un nouveau changement de nom. Enfin, après sa mort, on lui en donne un dernier qu’on grave sur son tombeau, sous lequel le désigneront désormais ses parents et ses descendants, et sous lequel il sera connu dans l’histoire, si l’histoire doit un jour s’occuper de lui. C’est ainsi que nous avons vu le betto Faxiba devenir de son vivant l’empereur Fidé Yosi, et après sa mort l’empereur Taïko Sama ; c’est ainsi que les lois édictées par son successeur Iyeyas sont connues sous le nom de lois de Gongen Sama. Cette multiplicité de noms attribués tour à