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LE VÊTEMENT, LE MOBILIER.

dieux qu’ils viennent, honorer. C’est un hommage peu coûteux ! Dans d’autres lieux sacrés, où trônent des statues colosses, on offre à ces personnages divins des chaussures faites à leur pied, c’est-à-dire gigantesques comme eux, que débitent les prêtres, les bonzes ou quelques marchands établis dans le voisinage du dieu géant.

Comme ces souliers de paille protègent mal contre l’humidité, beaucoup d’hommes et la plupart des femmes se servent aussi, surtout par les temps de pluie, de sandales de bois montées sur des patins de là même substance, assez semblables aux « petits bancs » qui rapportent de si jolis bénéfices aux ouvreuses de nos théâtres.

Dans l’habillement des Japonais, la paille n’est pas exclusivement réservée à la fabrication des chaussures. On l’emploie aussi à faire des manteaux fort laids, à en juger d’après les dessins et les photographies rapportés par les touristes, mais très précieux, dit-on, en temps de pluie. Les peaux de bêtes, employées pour faire des vêtements chauds et imperméables dans tous les pays où le bouddhisme n’est pas la religion dominante, sont interdites aux Japonais par les mêmes croyances religieuses qui les empêchent de porter comme nous des bottes et des souliers de cuir.

Il paraît pourtant que cette interdiction ne s’applique qu’à la peau des animaux de l’espèce bovine, car dans certaines parties du Niphon les chasseurs, pour préserver leurs jambes contre les ronces, font usage d’une sorte de chaussures en peau de daim ou de chèvre assez singulières. Elles n’ont pas de semelles ; ce sont plutôt, à vraiment parler, des chaussettes que des bottines. La peau, n’étant pas préparée par d’habiles corroyeurs, est raide, dure et racornie à l’état normal : quand on veut s’en servir, on les trempe dans l’eau pour les rendre souples et flexibles. On les chausse alors, le poil de la bête à l’intérieur, et elles se sèchent sur la jambe, dont elles prennent la forme ; il faut avoir recours pour les