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LE JAPON.

Le daïmio représenté dans cette gravure est coiffé, comme on le voit, d’une espèce de mitre. En dehors des costumes de cérémonie, la coiffure la plus habituelle des Japonais est un vaste chapeau, rond et plat, qui ressemble un peu à au parasol ouvert.

La mitre et le chapeau parasol sont tous deux faits d’un papier recouvert de plusieurs couches de laque qui le rendent solide et imperméable sans trop l’alourdir.

Dans presque tout l’univers les peuples qui ne marchent pas nu-pieds se fabriquent des chaussures avec les dépouilles des animaux qu’ils tuent pour se nourrir. Au Japon, les idées religieuses qui empêchent de manger la chair du bœuf se sont aussi opposées à ce que son cuir fût employé à faire des souliers ou des bottes. Il y a quelques années, quand l’un des grands daïmios, qui n’avaient pas encore été dépossédés de leur pouvoir politique, voulut chausser ses troupes à l’européenne, pour trouver des ouvriers qui consentissent à faire un travail regardé comme impur, il lui fallut rendre un édit conférant la noblesse aux artisans qui voudraient bien travailler le cuir. C’est, croyons-nous, la première fois qu’on a vu en ce monde une aristocratie de bottiers.

Cette superstition a obligé les Japonais à se contenter pendant de longs siècles de pantoufles de paille. Ces chaussures ne font pas un long usage, on le pense bien. Celles qu’on prend le matin sont complètement usées avant la fin de la journée. Aussi s’en fait-il une incroyable consommation. Il est vrai qu’elles ne coûtent pas cher, et qu’on en a toute une provision pour une somme qui représente à peine quelques sous de notre monnaie. Les porteurs de cango et de norimon en ont toujours un certain nombre sur le toit de leur petit véhicule portatif et s’arrêtent de temps en temps pour remplacer leurs chaussures usées. Les routes sont semées de ces épaves ; on en voit aussi en grand nombre accrochées aux alentours de certains temples, où les pèlerins, les offrent aux