Page:Villetard - Le Japon, 1879.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
99
LA VIE AU JAPON.

fermentées, peut boire de l’eau en cas de besoin, tandis qu’au Japon presque toute l’eau qu’on rencontre a séjourné plus ou moins longtemps dans les rizières et s’y est chargée de germes pernicieux[1]. On les détruit en la faisant bouillir pour préparer la boisson nationale. Il est inutile de dire que ces maisons de thé rustiques n’ont ni le confortable ni l’élégance de celles des grandes villes ou des pays d’eaux à la mode ; mais dans toutes règne une admirable propreté, et presque toujours on y peut trouver à peu près de quoi se nourrir.

Les paysans japonais sont partout obligeants, aimables et polis. Tous les voyageurs européens sont d’accord pour nous montrer, dans les villages qu’ils traversent, la population accourant au-devant d’eux, très curieuse de voir ces étrangers dont on parle tant, mais nullement hostile, et au contraire amicale et prévenante ; elle leur sourit, elle leur fait fête. M. de Beauvoir, qui avait failli être assassiné en Chine par des paysans, ennemis fanatiques des « barbares chrétiens », est tout spécialement charmé de l’accueil affable que lui font les habitants des campagnes dans son excursion au Fousi Yama. M. Bousquet, traversant une partie du Niphon où jamais Européen n’avait passé avant lui, trouve un accueil encore plus empressé. L’hostilité contre les étrangers n’existe au Japon que chez les samouraïs et dans une très faible partie de la population de quelques villes.

Les maisons des villages sont disséminées au milieu de bosquets ravissants de camélias et d’azalées. Leurs toits, recouverts d’une mince couche de terre, sont couronnés d’épaisses touffes de lis bleus. C’est, paraît-il, en vertu d’un édit d’un mikado que cette fleur charmante, mais inutile, est relé-

  1. En étudiant an microscope de l’eau croupie, on y trouve une multitude énorme de petits animaux d’un genre spécial, invisibles à l’œil nu. Plusieurs espèces de ces animalcules qui se trouvent dans les liquides en décomposition sont pour l’homme et pour les animaux supérieurs de véritables poisons.