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Pendant que les gouvernements de l’Europe manifestent ainsi, devant Paris, le caractère international de la domination d’une classe, ils décrient l’association internationale des travailleurs, cette contre-organisation internationale du travail contre la conspiration cosmopolite du capital, — comme la source de tous ces désastres. Thiers l’a dénoncée comme le despote du travail dont il se prétendait lui-même le libérateur. Picard a ordonné que toute communication entre les internationaux français et ceux de l’étranger fût coupée ; le comte Jaubert, le complice momifié de Thiers en 1835, déclare que le grand problème imposé à tous les gouvernements civilisés est de détruire l’Internationale. Les ruraux déblatèrent contre elle, et toute la presse européenne fait chorus. Un honorable écrivain français, tout à fait étranger à notre association, a dit : « Les membres du Comité central de la garde nationale, aussi bien que la plus grande partie des membres de la Commune sont les esprits les plus actifs, les plus intelligents, les plus énergiques de l’association internationale, — des hommes parfaitement honnêtes, sincères, intelligents, dévoués, purs, et fanatiques dans la bonne acception de ce mot. » L’esprit bourgeois naturellement se figure l’association internationale comme agissant à la manière d’une conspiration secrète, avec son Comité central ordonnant, de temps à autre, des explosions en différents pays. Notre association n’est, en réalité, que le lien international entre les travailleurs les plus avancés des différents pays du monde. Partout où, n’importe sous quelle forme ou dans quelles conditions, la lutte des classes prend quelque consistance, il est trop naturel que les membres de notre association prennent les devants. Le sol d’où elle sort c’est la société moderne elle-même. On ne peut pas l’exterminer par le carnage. Pour l’exterminer, les gouvernements auraient à détruire le despotisme du capital sur le travail, — la condition de leur existence parasite.