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il cite le passage de Tacite : « Cependant, le lendemain de cette affreuse lutte, même avant qu’elle ne fût tout à fait terminée, Rome, avilie et corrompue, recommençait à se vautrer dans la luxure qui détruit le corps et qui souille l’âme. » M. Hervé oublie seulement de dire que la population de Paris dont il parle n’est que celle du Paris de M. Thiers, — les francs-fileurs revenant en foule de Versailles, de Saint-Denis, de Rueil et de Saint-Germain, — le Paris de la décadence.

Dans tous les triomphes sanglants sur les dévoués champions d’une société nouvelle et meilleure, cette inique civilisation, basée sur l’asservissement du travail, étouffe les cris de ses victimes sous les clameurs de la calomnie, répétées partout. La paisible Commune des travailleurs de Paris est changée tout à coup en un enfer par les limiers de l’« ordre. » Et qu’est-ce que ce changement terrible prouve dans l’esprit bourgeois de tous les pays ? Eh bien, cela prouve que la Commune a conspiré contre la civilisation ! Le peuple de Paris meurt avec enthousiasme pour la Commune, et le chiffre des victimes est plus élevé que dans toutes les batailles dont parle l’histoire. Qu’est-ce que cela prouve ? Tout simplement que la Commune n’était pas le gouvernement du peuple, mais l’usurpation d’une poignée de criminels. Les femmes de Paris donnent joyeusement leur vie sur les barricades et sur le lieu du supplice. Qu’est-ce que cela prouve ? Simplement que le démon de la Commune les a changées en mégères et en Hécates ! La modération de la Commune, pendant deux mois d’un pouvoir incontesté, n’est égalée que par l’héroïsme de sa défense. Qu’est-ce que cela prouve ? Seulement que, pendant des mois entiers, la Commune a caché, sous le masque de la modération et de l’humanité, la férocité de ses instincts de démons, pour leur donner carrière à l’heure de son agonie.

Le Paris des travailleurs, en s’offrant lui-même en