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l’Assemblée qu’ « il entrerait dans Paris la loi à la main, et demanderait une expiation complète aux scélérats qui avaient sacrifié la vie des soldats et détruit les monuments publics. » Quand ce moment décisif approcha, il dit à l’Assemblée : « Je serai sans pitié » (envers Paris, car Paris était vaincu) ; et il dit à ses bandits bonapartistes qu’ils avaient la permission officielle de se venger de Paris, tant que le cœur leur en dirait. Enfin, une fois les portes de Paris ouvertes, le 21 mai, au général Douai, par la trahison, Thiers, le 22, révéla aux ruraux le but de sa comédie de conciliation, qu’ils n’avaient pas voulu comprendre : « Je vous ai dit, il y a quelques jours, que nous approchions du but. Je viens vous dire maintenant que le but est atteint. La victoire de l’ordre, de la justice et de la civilisation est gagnée. »

C’était vrai. La civilisation et la justice de l’ordre bourgeois se montrent dans leur lumière lugubre partout où les esclaves de cet ordre se soulèvent contre leurs maîtres. Alors cette civilisation et cette justice prennent l’apparence d’une sauvagerie féroce et d’une vengeance implacable. Chaque nouvelle crise dans la lutte, entre les classes des producteurs et des exploiteurs, montre ce fait avec plus d’évidence. Les atrocités mêmes des bourgeois de Juin 1848, s’éclipsent devant l’inénarrable infamie de 1871. L’héroïsme et le dévouement dont la population de Paris, hommes, femmes et enfants, firent preuve, en se battant pendant huit jours après l’entrée des Versaillais, répand autant de gloire sur leur cause que les actes des soldats montrent l’esprit inné de cette civilisation dont ils sont les soutiens mercenaires. Une civilisation glorieuse, en effet, que celle dont le plus grand problème est de trouver le moyen de se défaire des monceaux de cadavres qu’il a entassés pendant le combat !

Pour trouver quelque chose qu’on puisse comparer à la conduite de Thiers et de ses limiers, il faut remonter jusqu'aux temps de Sylla et des deux triumvirats de