Page:Villetard - Histoire de l’Internationale.djvu/384

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

alternative : « Restauration de l’empire, ou acceptation sans réserves de mes conditions de paix. » Ces conditions étaient une diminution des délais pour le payement de l’indemnité, et l’occupation des forts de Paris jusqu’à ce que Bismark fût content de l’état des affaires en France. La Prusse fut ainsi admise comme arbitre suprême dans la politique intérieure de la France ! En retour, il offrit de relâcher, pour l’extermination de Paris, l’armée bonapartiste, et de lui prêter le concours des troupes de l'empereur Guillaume.

Comme gage de sa bonne foi, il consentit à ce que le premier versement de l’indemnité ne fût exigible qu’après la pacification de Paris. Un tel appât fut aussitôt avalé par Thiers et ses plénipotentiaires. On signa le traité de paix le 10 mai, et il fut ratifié par l’Assemblée de Versailles le 18.

Dans l’intervalle entre la conclusion de la paix et l’arrivée des prisonniers bonapartistes, Thiers sentit la nécessité de reprendre sa comédie de conciliation, d’autant plus que ses instruments républicains avaient grand besoin d’un prétexte pour fermer les yeux sur les préparatifs faits en vue du carnage de Paris. Le 8 mai, il répondit à une députation de conciliateurs bourgeois, « que si les insurgés se décidaient à une réconciliation, les portes de Paris seraient ouvertes pendant huit jours à tous, excepté aux assassins des généraux Lecomte et Clément Thomas. »

Quelques jours plus tard, interpellé par les ruraux au sujet de ces promesses, il refusa de donner des explications, mais il ajouta d’un ton fort significatif. « Je vous dis qu’il y a parmi vous des impatients, des hommes qui sont trop pressés. Il faut attendre encore huit jours ; après cela il n’y aura plus de danger, et la tâche sera proportionnée à leur courage et à leurs capacités. » Aussitôt que Mac-Mahon fut à même de l’assurer que l’on pourrait bientôt entrer dans Paris, Thiers déclara à