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un mythe : « Si quelques boulets ont été lancés, ce n’est pas le fait de l’armée de Versailles, mais de quelques insurgés voulant faire croire qu’ils se battent, tandis qu’ils n’osent pas se montrer. » Il dit encore aux provinces que « l’artillerie de Versailles ne bombarde pas Paris, elle le canonne seulement. » Il dit à l’archevêque de Paris que les prétendues exécutions et représailles, attribuées aux troupes de Versailles, n’ont jamais eu lieu. Il dit à Paris qu’il voulait seulement « le délivrer des tyrans hideux qui l’oppriment, » et que le Paris de la Commune n’est, en réalité, « qu’une poignée de criminels. »

Le Paris de M. Thiers n’était pas le vrai Paris de la « vile multitude, » mais un Paris fantôme, le Paris des francs-fileurs, le Paris des habitués des boulevards, hommes et femmes, — les riches, les capitalistes, le Paris doré et fainéant, en ce moment dispersé avec ses valets, ses grecs, sa bohème littéraire et ses cocottes, à Versailles, à Saint-Denis, à Rueil et à Saint-Germain ; tous considérant la guerre civile comme une diversion agréable, regardant les combats avec des longues-vues, comptant les coups de canon et jurant, sur leur honneur et celui de leurs prostituées, que ce drame était beaucoup mieux joué que ceux de la Porte-Saint-Martin, car les hommes qui tombaient étaient véritablement tués ; les cris des blessés étaient des cris naturels ; et, d’ailleurs, tout était absolument historique.

Voilà le Paris de M. Thiers, comme l’émigration de Coblentz fut la France de M. de Calonne.