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démocratiques. Mais, ni le gouvernement à bon marché, ni la vraie République ne furent son but final : ils n’étaient que des accessoires.

La multiplicité des interprétations auxquelles la Commune a donné lieu, et la multiplicité des intérêts qui la regardaient avec faveur, ont prouvé que c’est une forme politique tout à fait expansive, tandis que les anciennes formes étaient essentiellement répressives. Voici son vrai secret : c’était par-dessus tout un gouvernement de la classe ouvrière ; le résultat de la lutte entre les classes qui produisent et celles qui s’approprient le produit des autres ; la forme politique enfin trouvée sous laquelle il était possible de réaliser l’émancipation du travail.

Sans cette dernière condition, la Constitution communale serait une impossibilité et une illusion. Le règne politique du producteur ne peut coexister avec la prolongation de son esclavage social. La Commune donc devait servir de levier pour renverser les fondations économiques sur lesquelles repose l’existence des classes. Le travail une fois émancipé, tout homme devient travailleur, et le travail productif cesse d’être l’attribut d’une classe.

C’est un fait étrange. Malgré tout ce qu’on a dit et écrit depuis soixante ans sur l’émancipation du travail, les travailleurs ne peuvent pas aborder sérieusement ce sujet, sans lâcher la bonde aux bavardages des défenseurs de la société actuelle avec ses deux pôles : le capital et l’asservissement du salaire (le propriétaire foncier n’étant que le commanditaire du capitaliste), comme si la société capitaliste était toujours dans l’état le plus pur de l’innocence virginale, comme si les antagonismes qu’elle renferme ne s’étaient pas encore développés ; comme si ses fraudes n’avaient pas été condamnées, ni ses réalités abominables mises à nu. « La Commune, s’écrie-t-on, veut abolir la propriété, la base de toute civilisation ! » Oui, messieurs , la Commune se proposait