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ment répressifs du vieux pouvoir gouvernemental devaient être supprimés, ses fonctions légitimes devaient être enlevées à une autorité qui se disait supérieure à la société elle-même, et rendues aux agents responsables de la société. Au lieu de décider une fois tous les trois ou six ans quel membre de la classe dominante devait représenter le peuple dans le parlement, le suffrage universel devait servir le peuple constitué en communes, comme le suffrage individuel sert tout industriel dans sa recherche d'ouvriers ou de contre-maîtres. Et l’on sait bien que les compagnies, comme les particuliers, trouvent le plus souvent le moyen de faire de bons choix, et s’ils se trompent, ils réparent bien vite leur erreur. D’un autre côté, rien ne pouvait être plus éloigné de l’esprit de la Commune que de remplacer le suffrage universel par la nomination hiérarchique.

Il arrive généralement que des créations historiques absolument nouvelles sont regardées par erreur comme les contre-parties d’autres formes de la vie sociale, avec lesquelles elles ont quelque ressemblance. Ainsi, cette nouvelle Commune, qui détruit le pouvoir de l’État moderne, a été considérée comme une reproduction des communes du moyen âge, qui précédèrent l’établissement du pouvoir central, et qui plus tard en formèrent la base. La constitution communale a été regardée comme un effort pour morceler en une fédération de petits États tels que les rêvaient Montesquieu et les Girondins, l’unité des grandes nations, qui a bien été produite jadis par la force politique, mais qui est devenue aujourd’hui un puissant coefficient de la production sociale. L’antagonisme de la Commune contre l’État a été regardé à tort comme une forme exagérée de l’ancienne lutte contre la centralisation excessive. Des circonstances historiques particulières peuvent avoir empêché, comme en France, le développement classique de la forme bourgeoise de gouvernement, et avoir permis, comme en Angleterre,