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tant les armes cachées du bravo, avançait en colonne, maltraitait et désarmait les patrouilles et les sentinelles isolées de la garde nationale qu’elle rencontrait, et en débouchant dans la rue de la Paix, aux cris de : « À bas le Comité central ! à bas les assassins ! Vive l’Assemblée nationale ! » essayait de forcer le passage à travers la ligne des sentinelles pour surprendre le quartier général dans la place Vendôme. En réponse à leurs coups de pistolet, on fit les sommations d’usage, qui restèrent sans effet, et alors un général de la garde nationale commanda le feu. Une seule décharge mit en fuite tous ces petits-maîtres, qui s’étaient flattés que la vue seule de leurs belles toilettes produirait le même effet que les trompettes de Josué devant les murs de Jéricho. Les fugitifs laissèrent derrière eux deux gardes nationaux tués et neuf grièvement blessés (dont un membre du Comité central), et tout le théâtre de leur équipée était jonché de poignards, de revolvers, de cannes à épée, etc., comme preuves du caractère pacifique de leur démonstration sans armes. Lorsque, le 13 juin 1849, la garde nationale faisait une démonstration véritablement pacifique pour protester contre l’odieuse attaque des troupes françaises sur Rome, Changarnier, alors général du parti de l’ordre, fut acclamé par l'Assemblée nationale, et surtout par Thiers, comme le sauveur de la société, parce qu’il avait lancé ses troupes sur ces hommes sans armes, pour les fusiller, les tuer et les fouler aux pieds de leurs chevaux. L’état de siège fut aussitôt proclamé. Dufaure fit voter à la hâte de nouvelles lois répressives. Il s’ensuivit de nouvelles arrestations, des proscriptions, enfin le règne de la terreur. Mais les basses classes se conduisent autrement. Le Comité central de 1871 dédaigna de s’occuper des héros de celle démonstration pacifique, de sorte que, deux jours plus tard, ils purent se réunir sous les ordres de l’amiral Saisset, pour cette démonstration armée, terminée par la fuite à Versailles. Dans sa répugnance à continuer la