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acharnés. Clément Thomas s’enorgueillit d’avoir encore reconquis sa position comme ennemi personnel des ouvriers de Paris. Quelques jours seulement avant le 18 mars, il soumettait au ministre de la guerre, Le Flô, un plan à lui pour en finir avec la fine fleur de la canaille de Paris. Le Comité central et les travailleurs de Paris n’étaient guère plus responsables de la mort de Clément Thomas que ne l’était la princesse de Galles de la mort des personnes écrasées lors de son entrée à Londres.

Le massacre des citoyens sans armes à la place Vendôme est un mythe dont M. Thiers et les ruraux n’ont pas voulu parler à l’Assemblée, laissant à la valetaille du journalisme européen le soin de le propager. Les hommes d’ordre, les réactionnaires de Paris avaient été consternés par la victoire du 18 mars. Pour eux, c’était le signal de la justice populaire qui s’approchait. Les ombres des victimes assassinées par eux depuis les journées de Juin 1848 jusqu’au 22 janvier 1871 se présentaient à leurs regards. Leur frayeur fut leur seule punition. Les sergents de ville mêmes, au lieu d’être désarmés et emprisonnés, comme on aurait dû le faire, virent s’ouvrir les portes de Paris pour faciliter leur fuite à Versailles. Non-seulement les hommes d’ordre ne furent point inquiétés, on leur permit même de se rallier et de saisir plus d’un poste important dans le centre de Paris. Cette indulgence du Comité central, cette magnanimité des travailleurs, si différente des habitudes du « parti de l’ordre » furent regardées par celui-ci comme un signe de faiblesse. De là leur sotte entreprise d’essayer de faire, sous le masque d’une démonstration sans armes, ce que Vinoy n’avait pu accomplir avec ses canons et ses mitrailleuses. Le 22 mars, une réunion tumultueuse de fashionables partit des quartiers riches, tous les petits crevés dans leurs rangs, et à leur fête les satellites notoires de l’empire, les Heeckeren, les Coëtlogon, Henri de Pêne, etc. Sous le lâche prétexte d’une démonstration pacifique, cette cohue, por-