Page:Villetard - Histoire de l’Internationale.djvu/351

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mement de Paris, les conspirateurs l’invitèrent à mettre bas les armes sous un prétexte qui n’était que le plus audacieux mensonge. L’artillerie de la garde nationale de Paris, a dit Thiers, appartenait à l’État, et il fallait la rendre à l’État. Voici le fait : Dès le jour de la capitulation, par laquelle les prisonniers de Bismark avaient signé la reddition de la France, en se réservant à eux-mêmes une garde du corps nombreuse destinée à dompter Paris, Paris se tenait sur ses gardes. La garde nationale se réorganisait et donnait le contrôle suprême à un comité central élu par le corps tout entier, excepté quelques fragments des anciens bataillons formés sous Bonaparte. La veille de l’entrée des Prussiens dans Paris, le Comité central fit transporter à Montmartre, Belleville et la Villette, les canons et mitrailleuses traîtreusement abandonnés par les capitulards, dans les quartiers mêmes que les Prussiens devaient occuper. Cette artillerie avait été achetée par les souscriptions de la garde nationale ; elle avait été reconnue officiellement dans la capitulation du 28 janvier, être leur propriété particulière, et pour cette raison exemptée de la livraison générale au vainqueur, de toutes les armes appartenant au gouvernement. Et Thiers était tellement dépourvu de prétextes pour commencer la guerre contre Paris, qu’il eut recours à un mensonge insigne, en disant que l’artillerie de la garde nationale appartenait à l’État.

La saisie de l’artillerie n’était évidemment que le prélude au désarmement général de Paris, et par conséquent de la révolution du 4 septembre. Mais cette révolution était devenue l’état légal de la France. La République, son œuvre, avait été reconnue par le vainqueur dans les termes mêmes de la capitulation. Après la capitulation, elle fut reconnue par les puissances étrangères, et l’Assemblée nationale avait été convoquée en son nom. La révolution faite par les ouvriers de Paris le 4 septembre était le seul titre légal de l’Assemblée na-