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énormes. La guerre avait terriblement augmenté ces charges, et atteint sans merci les ressources de la nation. Pour en compléter la ruine, le Shylock prussien se trouvait là avec sa demande pour la nourriture de cinq cent mille soldats sur le sol français, son indemnité de cinq milliards et ses intérêts à cinq pour cent, si les payements n’étaient pas faits à l’échéance. Qui devait payer la note ? C’était seulement par le renversement de la République, que les capitalistes pouvaient espérer faire supporter aux producteurs les frais d’une guerre que les accapareurs de richesses avaient entreprise. Ainsi, l’immense ruine de la France poussait ces patriotiques représentants de la terre et du capital, sous les yeux mêmes et sous la protection de l'envahisseur, à greffer sur une guerre étrangère une guerre civile, — une rébellion de propriétaires d’esclaves.

À cet arrangement, il y avait un seul grand obstacle : — Paris. Désarmer Paris, c’était la première condition du succès. Paris fut donc sommé par Thiers de livrer ses armes. Mais Paris était exaspéré par les violentes démonstrations anti-républicaines de l’Assemblée rurale, par les équivoques de Thiers à propos de l’état légal de la République, par la menace de décapitaliser Paris ; par la nomination d’ambassadeurs orléanistes ; par les lois de Dufaure sur les échéances et les loyers, qui étaient ruineuses pour le commerce et l’industrie de Paris ; par l’impôt, proposé par Pouyer-Quertier, de deux centimes sur chaque exemplaire de toute publication ; par la condamnation à mort de Blanqui et de Flourens ; par la suppression des journaux républicains ; par le transfert de l’Assemblée nationale à Versailles ; par la nouvelle déclaration de l’état de siège ; par la nomination de Vinoy, le décembriseur, comme gouverneur de Paris ; de Valentin, le gendarme impérial, comme préfet de police, et de d’Aurelles de Paladine, le général jésuite, comme commandant en chef de la garde nationale.