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tion de la classe bourgeoise. Avant de devenir homme d’État, il avait déjà fait preuve, comme historien, de son talent pour le mensonge. La chronique de sa vie publique est l’histoire des malheurs de la France. Lié avec les républicains, avant 1830, il monta insidieusement au pouvoir sous Louis-Philippe, en trahissant son protecteur M. Laffitte ; il courtisa la faveur du roi en excitant des émeutes contre le clergé, pendant lesquelles l’église de Saint-Germain l’Auxerrois et le palais de l’archevêque furent pillés ; et il se faisait ministre-espion et geôlier-accoucheur dans l’affaire de la duchesse de Berry. Le massacre des républicains dans la rue Transnonain, et les lois infâmes contre la presse et contre le droit d’association, sont aussi de ses œuvres. Chef du cabinet, en mars 1840, il étonna la France par son projet de fortifier Paris. Aux républicains, qui dénonçaient ce plan comme un complot contre les libertés de Paris, il répondit, à la tribune de la Chambre des députés :

« Comment ! imaginer que les fortifications pourraient jamais être un danger pour la liberté ! D’abord, vous calomniez tout gouvernement possible en supposant qu’il pourrait un jour essayer de se maintenir en bombardant la capitale… Ce gouvernement serait cent fois plus impossible après le bombardement qu’avant. » En effet, aucun gouvernement n’aurait jamais osé bombarder Paris des forts, si ce n’est ce gouvernement qui avait préalablement livré les forts aux Prussiens.

Quand le roi Bomba bombardait Palerme en janvier 1848, Thiers, depuis longtemps éloigné du pouvoir, se leva dans la Chambre des députés et dit : « Vous savez, messieurs, ce qui se passe à Palerme. Vous tremblez tous d’horreur (dans le sens parlementaire), en apprenant qu’une grande ville a été bombardée pendant quarante-huit heures, et par qui ? Était-ce par un ennemi étranger qui exerçait les droits de la guerre ? Non, messieurs, c’était par son propre gouvernement. Et pour--