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réinstallé dans sa cellule ; et puis Jules Favre s’écriait à la tribune de l’Assemblée nationale, que Paris faisait relâcher tous les malfaiteurs renfermés dans les prisons.

Ernest Picard, le bouffon du gouvernement de la Défense nationale, qui se nomma ministre de l’intérieur de la République après avoir fait tous ses efforts pour obtenir le même poste sous l'empire, est frère d’un nommé Arthur Picard, qui a été chassé de la Bourse de Paris comme escroc (voir le rapport de la préfecture de police du 13 juillet 1867) et convaincu, sur sa confession, d’un vol de 300,000 francs, pendant qu’il dirigeait une des succursales de la Société générale, rue Palestro, n° 5. (Voir le rapport de la préfecture de police du 11 décembre 1868.) Ce même Arthur Picard fut choisi par Ernest Picard comme rédacteur de son journal, l’Électeur libre.

Pendant que le commun des agioteurs étaient trompés par les mensonges officiels du journal ministériel, Arthur était toujours en course entre le ministère de l'intérieur et la Bourse, pour y escompter les désastres de l’armée française. Toute la correspondance financière de ce digne couple tomba entre les mains de la Commune.

Jules Ferry, avocat sans le sou jusqu’au 4 septembre, parvint, comme maire de Paris pendant le siège, à faire fortune au moyen de la famine. Le jour où il aurait à rendre compte de ses concussions serait celui de sa condamnation.

Ces hommes ne pouvaient donc trouver leur salut que dans les ruines de Paris ; ils étaient précisément les hommes dont Bismark avait besoin. À l’aide de quelques tours de passe-passe, Thiers, jusqu’à ce moment le secret conseiller du gouvernement, se montra comme son chef, avec ces escrocs émérites pour ministres.

Thiers, ce gnome monstrueux, a charmé la bourgeoisie de France depuis près d’un demi-siècle, parce qu’il est la plus parfaite expression intellectuelle de la corrup-