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histoire de l'internationale.

Le saint-simonisme, embrassé avec passion par une partie de l’élite de la jeunesse de 1830, parut un instant capable de convertir le monde ; puis après une période de vif éclat, il disparut. Les apôtres de Ménilmontant étaient, il est vrai, au bout de vingt ans d’efforts obscurs, arrivés presque tous aux premiers rangs de la société industrielle et financière du second empire, mais sans faire pour cela triompher les idées du maître : l'éclatante fortune des saint-simoniens n’a nullement été une victoire pour le saint-simonisme mort depuis longtemps. Le fouriérisme, qui paraissait avoir moins de chances de succès et qui n’eut jamais un aussi grand nombre d’adeptes éminents par leur science et leur intelligence, a du moins eu la vie plus longue. Repris, résumé et rajeuni par Victor Considérant, comme le système de Saint-Simon l’avait été par la pléiade de ses premiers disciples, il a lutté sans beaucoup d’éclat jusqu’en 1848, et a paru un moment, après cette nouvelle crise, devoir jouer, sous la seconde république, le rôle que la doctrine rivale avait rempli dans les premières années de la monarchie de juillet ; mais il s’est à son tour éteint peu à peu, sans laisser dans le monde une trace bien brillante. La première de ces deux doctrines absorbait complètement l’individu dans l’État qui, sous prétexte de nous diriger et de nous protéger, devenait le plus insupportable des tyrans. La seconde brisait d’une façon encore plus irrémédiable toute personnalité, en supprimant non-seulement la propriété, mais jus-