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ET LA PATIENCE.

être avantageuse, étoit précisément l’arrêt de sa mort ; & Mouba l’auroit fait exécuter sans tarder, s’il avoit eu le Temps propice ; mais cette entreprise étoit dangereuse, dans une occurrence où la pitié du Peuple pouvoit faire éclater une sédition considérable. La crainte du retour imprévu du beau-pere de Zerbeke le retenoit aussi, non pas sans raison : quoiqu’il eût entendu l’incertitude où la Reine étoit de son sort, il n’osoit s’y fier, parce que cet Officier & Merille pouvoient reparoître d’un moment à l’autre, & renverser, par leur présence, toutes les espérances du Tyran. Ainsi il détermina qu’il falloit laisser passer ce feu, & accoutumer le Peuple à voir indifféremment la prison de sa Souveraine, avant de lui donner le spectacle de son supplice. Cette raison prolongea des jours qui lui pouvoient être utiles encore quelque temps ; parce que le peu de créatures qui étoient restées fidelles à cette malheureuse Reine, faisoient courir sourdement le bruit que les Princes d’Angole étoient prêts à reparoître ; & il présumoit que s’ils arrivoient en effet, avant qu’il fût entièrement maître du Royaume, il pourroit faire sa paix avec eux, en le leur livrant, & en leur persuadant que les efforts qu’il