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LE TEMPS

graver autre chose dans leur imagination, il falloit faire quelqu’effort.

Un grand jardin presque désert entouroit cette galerie ; & avec un air chagrin, qui prouvoit assez l’ennui que lui donnoit cette occupation, le Temps, sous la direction duquel elle étoit, vêtu en Barbacole, animoit un grand nombre de Jardiniers à préparer cette terre, à y planter des arbres à fruit, & à cultiver les fleurs renfermées dans des boutons, lesquels s’élevant au-dessus des tiges, témoignoient assez qu’elles avoient besoin pour éclore & pour embellir ce parterre, des soins qu’on leur rendoit ; & ceux qui en étoient chargés, y travailloient dans l’espoir d’un doux avenir.

Le Temps qui régnoit là, outre le nom de Temps puérile que lui attiroient justement ses occupations, portoit encore celui du Temps comme il vient. Le petit monde qui habitoit cette galerie, le recevant sans réflexion, ne s’en embarrassoit pas, & même ne prenoit pas garde s’il étoit bon ou mauvais ; obéissant par crainte, & ne se livrant au travail qu’à regret, uniquement occupé des plaisirs enfantins qu’il goûtoit avec autant d’empressement que de joie.

La même montée imperceptible subsis-