Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 1.djvu/94

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
88
LE TEMPS

ment à les jetter par la porte obscure, sans les tirer de la galerie, il les changeoit quelquefois de place, ôtant les uns des lits brillants & élevés où ils étoient d’abord, pour les mettre dans la foule, & souvent dans la boue ; tandis qu’il en tiroit d’autres de dessus la paille, & les plaçoit dans des endroits les plus honorables ou les plus avantageux, sans qu’il parût en sentir la conséquence, mais seulement pour suivre son caprice ou ses distractions.

Cet examen fut promptement fait. Balkir, Merille, & Benga, suivis de la Patience, se trouvant au bout de cette galerie, monterent une marche seulement, qui, changeant la décoration, leur fit voir qu’ils étoient dans un autre lieu, dont le mur un peu plus ferme, recevoit quelqu’imparfaite & légere impression de ce que l’on lui présentoit.

Ces Habitants respiroient sous la direction du même Temps ; mais ils avoient abandonné le berceau, étant environnés de roulettes, de joujoux, de hochets, & de tout ce qui convient à la tendre enfance, avec les mêmes proportions d’opulence & de misere, que dans la galerie précédente : le Temps, leur Inspecteur, en mettoit dans l’obscurité, ou en faisoit changer d’état autant que des premiers,