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ET LA PATIENCE.

osé en exiger de semblables du moindre de ses Esclaves. Ainsi cette jeune Personne, qui, dans la bassesse de sa condition, se seroit trouvée trop honorée d’approcher de la Maison Royale par la voie des services qu’elle auroit eu le bonheur de rendre aux femmes des moindres Officiers du Roi, se trouva sur le Trône avec plus d’autorité que n’en avoient jamais eu les plus grandes Princesses qui l’y avoient précédée.

L’ainé des enfants du Roi étoit dans la douzième année, & son frere avoit vu le jour un an après. Ces jeunes Princes, plus formés que l’on ne l’est d’ordinaire dans un âge si tendre, élevés avec soin, & ayant mis à profit les dons heureux qu’ils tenoient de la nature & de leur éducation, sentirent toutes les funestes conséquences d’un tel mariage, tant par le tort qu’il faisoit à la réputation du Roi, que par celui qu’il apportoit à leurs intérêts. Ceux d’entre les Sujets de ce Monarque qui lui étoient le plus affectionnés, partageoient la juste douleur de leurs jeunes Princes ; mais comme il n’étoit pas possible d’y apporter de remede, & qu’à la Cour on sait cacher les sentiments, ils se contraignirent, dans la crainte de causer quelque événement fâcheux. Ce-