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ET LA PATIENCE.

son retour, les uns se plaignant qu’il passoit trop vite, & les autres qu’il alloit trop lentement.

O l’heureux Temps ! le bon Temps ! le Temps charmant ! disoient les uns, pourquoi faut-il qu’il soit sitôt passé ? Que n’en ai-je mieux profité ! disoient les autres. Il y en avoit, au contraire, qui s’écrioient : Quel cruel Temps ! sera-t-il éternel ? ne passera-t-il point ? Enfin, on ne peut rapporter les diverses épithetes que cette multitude lui donnoit.

Qu’est-ce que ceci, dirent à la fois Benga & les deux Princesses ? Juste Ciel ! que de monde qui se plaint de la cruauté du Temps !

Ils parloient ainsi, parce qu’en effet il y avoit plus de voix qui se plaignoient de lui, qu’il n’y en avoit qui s’en louassent.

Ne le rencontrerons-nous point trop tôt pour notre bonheur, continua Balkir ; & au-lieu du bon temps que nous venons chercher, ne trouverons-nous point le mauvais ? Si cela est, ajouta tristement Merille, qu’allons-nous devenir ! & comment nous tirer d’ici ! Hélas ! nous avons bien pris de la peine pour y venir chercher notre malheur.

Je ne fais point de remedes contre la peur, répondit tranquillement la Patien-